I – Expériences

A – Pratique de terrain

Expérience, pratique de terrain, analyse
Relation tripartites avec l’équipe encadrante
Conter au pied du lit ou en service sécurisé.

Marc Aubaret, fondateur du C.M.LO.
Ce projet met en place des ateliers réguliers avec un public d’adultes atteints de troubles cognitifs profonds dont le niveau de dépendance peut atteindre celui de GIR 1.

Ces ateliers, au minimum tous les 15 jours, se déroulent sur 45 mn environ avec trois histoires courtes. Le répertoire se compose de légendes, fabliaux, contes humoristiques, histoires coquines, récits de vie, de métiers…
Le chant et la poésie, entre ou dans les histoires, donnent des respirations à l’écoute.
Les participants sont invités dans le cercle pour partager des histoires afin de former une relation et assister à son épanouissement.

Liant le soin et l’animation, ce projet a des répercussions sur l’ensemble de l’établissement. La méthode a pour objectif de lutter contre la dégénérescence rapide. Les bienfaits du contact avec le conteur et l’imaginaire du conte sont un rempart à la dépression ; ils maintiennent l’autonomie psychique comme outil de vie.

Soutenue par la CNSA, la méthodologie est élaborée avec Véronique Aguilar : « le conte permet aux personnes vivant en secteur protégé de retrouver des liens à travers le vide que laisse la maladie ».

 

B – Analyse de l’expérience

Depuis 8 ans, les ateliers développés par Parole à Part intègrent la dimension thérapeutique de la littérature orale. Par sa puissance symbolique, le conte merveilleux fait écho aux problématiques psychiques et éclaire les vides intérieurs. L’inconscient est sollicité en permanence par la mise en image de situations. La mécanique du conte merveilleux place l’écoute sur le hors temps, hors lieu. Elle utilise l’image, la métaphore. Elle « dévoile en voilant ». La suggestion devient un outil, ainsi plusieurs sens sont possibles.

Polysémique : il existe autant de sens que de personnes qui écoutent. Les images doivent être recomposées par chacun. La structure rigide est un contenant. Le conte ritualise.

Pacte narratif : il se crée entre l’écoute et le dire.

Ces histoires mettent en scène les pulsions et montrent des chemins à emprunter pour être dans le résonné (le ça et le moi de Freud). Elle permet à chacun de s’approprier l’histoire à l’aide de ses propres références. La construction générale du conte est une base fixe. Le but ultime est une fin heureuse. Le récit n’est pas là pour fournir une information. Les histoires nous parviennent après une transmission longue de plusieurs siècles. Elles sont dans un inconscient collectif ; par opposition, les rêves concernent l’inconscient individuel.

Le conte est proche du rêve, de l’inconscient de l’individu, de la société. Le rapport chaotique n’existe plus ; la narration travaille dans un cadre.

Catherine Zarcate : « le conte est un cristal où il ne reste que l’essentiel ».

La répétition est un gage d’efficacité ; chaque étape du conte participe au raisonnement dont le principal guide est l’inconscient. Sa sollicitation est augmentée quand les histoires sont déjà connues. Elles se situent dans un registre différent de celui de l’actualité. Elles témoignent de permanence humaine, d’archétype. Elles font appel à nos émotions sans que nous soyons directement impliqués. Il n’y a pas de repère temporel dans les histoires pour aller vers l’inconscient collectif.
Le public fait des expériences qui se vivent mais qui ne se consomment pas. Il est maître de construire son histoire ou pas, par un processus d’identification.

Ainsi, les ateliers envisagent le conte dans un rapprochement avec la notion de nature humaine. Cette notion ouvre sur une multitude d’interprétations de l’objet symbolique. Ce sont donc nos pulsions, nos tabous, notre for intérieur qui réagissent à la réception du conte « et transforment en fantasme les pressions de l’inconscient ». B. Bettelheim.

Le conteur n’intervient pas dans la résolution du conflit tout comme il n’intervient pas dans la guérison du sujet malade. Il est dans le plaisir, dans l’instant, dans le partage. Il profite du médium qu’est l’histoire pour former une relation triangulaire « public-histoire-conteur » et assister à son épanouissement le temps d’une rencontre.

La  « Littérature Orale et ses schémas thérapeutiques » : outil du soignant spécialisé.
Le projet s’inscrit sur le sens du soin : prendre soin, avoir des pratiques au service du bien-être et de la qualité de vie.

« Soigner, c’est aussi dévisager, parler, reconnaître par le regard et la parole, la souveraineté intacte de ceux qui ont beaucoup perdu ».
Ch. BOBIN

Il faut s’occuper du bien-être (care) avant de s’occuper de rétablir la santé (treat – cure).
La relation est un pacte narratif : entre l’écoute et le dire, elle est dans une neutralité bienveillante où la souveraineté du malade est intacte, où le regard, le toucher et le geste sont respectueux. L’essentiel est d’être dans la juste distance.

Comme le toucher lent, doux et vaste, qui fait fonctionner le réseau de fibres nerveuses indépendantes les unes des autres, le conte est aussi relié aux aires du cerveau qui sont sensibles au plaisir. C’est une aide au développement de l’estime de soi et de la confiance en soi.

Le bien-être est un élément indispensable à l’amélioration ou au maintien de la santé et de l’équilibre.

La solitude :

3 sentiments différents :

  • Existentialiste : personne ne le comprend.
  • Emotionnel : perte de quelqu’un.
  • Social et d’isolement : personne ne s’intéresse à lui.

La maladie et la défaillance de leurs facultés cognitives les rendent vulnérables et dépendantes de leur environnement qu’elles ne peuvent pas quitter.
Mon travail avec le conte se situe sur le soi, facteur de bien-être, afin d’épanouir une meilleure expression et davantage de cohérence. L’efficacité se situe aussi dans la mise en éveil et la dynamique jusqu’à la prise en considération des émotions, pensées et de la volonté des individus. Même si chez les personnes âgées, le degré de cohérence du discours (répétitions, absence de digressions, etc.) peut en souffrir, cela ne lui empêche pas de profiter d’une aptitude qui se développerait avec l’âge : celle de raconter des histoires et partager des souvenirs.

De plus, les fonctions du conte sont structurantes et métaphoriques :

  • structurante du groupe social, dans le langage et la pensée par expérience et mimétisme.
  • métaphorique par les symboles et par la création d’images.

Ainsi, Pierre Laforgue parle du conte comme « contenant d’angoisse », dans son travail avec les autistes graves (kanner 3 et 4).

La littérature orale est contenant d’angoisse car elle utilise des termes qui maintiennent l’attention (phatème), qui mettent en relief et qui montrent. Ainsi la répétition de ces termes et de ces structures mettent la personne dans le réel et permettent la représentation.

« La Littérature Orale et Alzheimer »

Trouble neurologique, cognitif, psycho-comportemental
Choisir un atelier-conte en animation thérapeutique non-médicamenteuse pour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer est une position différente d’un autre type d’animation qui provoque une activité pour stimuler.
Dans cet atelier spécifique, nous proposons de créer ensemble des images mentales. En se positionnant sur le plaisir de ne rien faire, nous leur permettons d’accéder à leur vie intérieure. C’est un objet de médiation détournée là où une communication frontale n’est pas possible.
Ce choix est optimisé par leur capacité analogique où leurs imaginaires et leurs réalités sont dans un même présent. Aussi, le conteur accueille toutes les modifications en les incluant dans la narration afin de rester avec le public dans une même perception d’écoute de l’environnement.
Reconnaître l’existence de leur monde et des liens entre les nôtres, c’est comprendre ce qui distingue et ce qui ressemble au nôtre.

Par le conte, nous nous plaçons dans un hors espace-temps afin de faire résonner les affects, les émotions et les sentiments des personnes, par une narration et un système de symboles structurés et en adéquation avec leur vécu.

Le conte permet de redonner un cadre, du sens, de la structure à la mémoire émotionnelle en utilisant le rappel d’indices telle qu’une situation, une émotion, une perception. Le cadre de l’histoire joue le rôle de la mémoire à long terme dans la représentation, le concept et l’expérience qu’il amène, redonnant ainsi du sens à l’émotion, déjouant ainsi le trouble de la mémorisation et apportant un épanouissement.

Emmanuelle Saucourt, anthropologue, spécialiste du conte et de la maladie d’Alzheimer, définit deux types de pensée :

  • le mode digital qui emmagasine des connaissances, du rapport espace temps,
  • le mode analogique qui est l’appréhension dans la globalité et qui s’inscrit dans le temps présent avec des représentations symboliques (intuition, imaginaire).

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer perdent le mode digital (représentations culturelles) et, de ce fait, sont dans le mode analogique avec ses représentations symboliques.

En ce qui concerne les troubles de l’amnésie rétrograde et des plongeons rétrogrades, le fait de rentrer dans un univers hors temps / hors lieu permet de dépasser les angoisses liées à ces troubles tout en apportant les capacités thérapeutiques des contes telle que l’image de soi, l’angoisse de dépendance, la perception, le vécu et / ou la peur de l’abandon, le questionnement sur la mort, la solitude, etc.

Faculté cognitive : l’intelligence, le langage, la mémoire.

  • Perte de l’attention soutenue, la concentration longue.
  • Perte de l’attention divisée : trop d’informations, d’orientation spatio-temporelle.
  • Prise en charge du trouble du langage : perte du langage ; l’expression des émotions se fait par des gestes brusques.

Raconter des histoires permet de changer les personnes d’environnement sans qu’elles prennent des risques qui peuvent les mettre en danger et sans qu’elles se sentent agressées.

Ainsi, une personne ayant des troubles cognitifs et amnésiques est, par sa mémoire émotionnelle et son hypersensibilité affectif, capable d’éprouver du plaisir.
Simultanément, mon travail artistique (créativité et profondeur de mon identité) transmise par l’histoire devient aussi, devant un public, une relation sur la fragilité émotionnelle.

C’est par cet échange (tout mettre en œuvre pour apporter et accepter de recevoir des émotions) que mon travail s’épanouit ; un travail de recherche sur la « différence » avec l’ouverture à l’expression de toutes les capacités possibles et l’acceptation des déficits.

La maladie d’Alzheimer posée en accumulation de déficits cognitifs est évaluée dans un test MMSE (Mini Mental State Examination) gradué de 30 à 0. Or, le docteur Strubel du C.H.U. de Nîmes situe la maladie d’Alzheimer non pas en perte mais en capacité.

Capacité résiduelle :

  • mémoire implicite : automatismes,
  • mémoire procédurale : gestes inscrits par habitude,
  • potentiel relationnel,
  • vie mentale et imaginaire,
  • aptitudes émotionnelles,
  • désir de communiquer,
  • communication non verbale.

On ne peut pas résumer la personne à ce que l’on voit d’elle ni aux signes qu’elle nous laisse voir.

II – Confiance tripartites

  • Public récit conteur,
  • Public encadrant conteur.

Le pacte narratif entre l’écoute et le dire : prendre soin se fait dans la confiance avec la participation du public et de l’équipe encadrante.

L’équipe encadrante a une double capacité :

  • Etre public avisé,
  • Etre dans l’échange.

Il y a un aller-retour de communication entre le public et le conteur.
Le référent est également une interface entre le groupe et l’institution : c’est lui qui installe le groupe de façon pérenne.
L’équipe encadrante est un partenaire, un interlocuteur ; elle doit être stable, connaître le public, avoir un œil extérieur pour noter toutes les évolutions au cours des séances.
L’atelier n’est pas un atelier en art thérapie car les objectifs ne sont pas de faire du soin, le conteur ne pouvant être dans le partage d’une histoire, ni dans la création commune d’un imaginaire s’il se situe dans l’intention de faire du soin.
L’équipe médicale encadrant l’atelier peut, elle, avoir un regard sur le groupe et les individus, ainsi que sur les stimulations cognitives mises en éveil au cours des ateliers (cf. annexes : tableau Evaluation du groupe).

Evaluation de l’impact pour l’équipe soignante

La mise en place d’un projet autour de la littérature orale apporte dès les premiers ateliers un apaisement des personnes et donc soulage les équipes soignantes.
La régularité des ateliers rend exponentielle la capacité de l’évitement de l’agitation vespérale, ouvre les seuils de tolérance par l’apaisement et le « donner du sens » et stimule la sécrétion de sérotonine par les caresses verbales.
Les ateliers procurent l’épanouissement du public et le soulagement des équipes.
La connaissance individuelle du public implique que l’équipe soignante recherche une hiérarchie des émotions : sens de la valeur humaine, du besoin, du désir.

Pour cela, il peut s’appuyer sur les questions :

Quelle est son histoire ? : il s’agit de la capacité à supporter les souffrances et frustrations, les prises de risque, les mises en danger (sport / intellect).

Quelle est sa personnalité ? : quelles sont ses attentes sociales, les caractéristiques et identité qu’il met en avant ?

Quel est son environnement ? : c’est ce qui donne sens à sa vie.

Quelles sont les autres données pour une évaluation personnalisée ? : ses pertes de sens (audition, vue), son bilan sensoriel, ses troubles.

Quels thèmes lui sont proches ?
Il est nécessaire de connaître le public dans son rapport culturel (d’où vient-il ?).

III – Protocole d’intervention

J’utiliserai le catalogue raisonné d’A. Arne qui propose une classification des contes traditionnels.

Quatre réunions sont prévues au cours et en fin de projet annuel. Après les deux premières séances, une adaptation se met en place dans l’établissement afin que l’identité du projet s’installe alors dans un travail d’écoute.

Les matières utilisées sont :

  • L’accueil et les discussions informelles,
  • Le chant : au début ou dans le programme pour : éveiller l’écoute, mettre en repos ou remplacer un silence actif. Le chant peut être supprimé selon la capacité à changer de registre d’émotions.
  • Les contes nouvellistes et légendes : images anciennes, emmener le passé dans le présent avec des récits antérieurs à notre propre existence. Nous aborderons différents thèmes, par la découverte du territoire qui nous entoure.
  • A partir de là, le conte merveilleux : intemporel, pour le plaisir d’explorer le monde intérieur dans ces émotions.

Exemples d’ateliers déjà mis en place :

1 – Atelier 1 : en groupe

Nombre de participants : à définir (pouvant dépasser 30 personnes) + 2 accompagnants (1 régulier + 1 visiteur). Le temps de présence de l’intervenant est de 1h45 pour être avec l’équipe dans la mise en route, pallier d’éventuels imprévus, faire un compte-rendu et se remettre en question sur des points précis (compléter la grille d’évaluation ensemble).

  • 25 mn d’accueil dans la structure, dans le service, avec l’équipe : aller chercher les participants, les emmener sur le lieu de l’atelier;
  • 15 mn d’accueil des participants, constitution du cercle ;
  • 35 mn d’histoires contées,
  • 15 mn de fin d’atelier, mise en place d’un goûter ;
  • 15 mn de compte-rendu avec utilisation de la grille d’évaluation.

Personne ne doit être exclu de ceux qui veulent venir et personne ne doit y être obligé.

Le lieu doit être un lieu où ils ont l’habitude d’aller, ouvert, comme la salle-à-manger du service.

2 – Atelier 2 : contes au pied du lit ou contes en chambre

Intervention individuelle auprès de trois à sept résidents sur leur lieu de vie personnel. L’intervention dure de 7 à 10 mn par personne âgée, avec un ou deux accompagnants.
L’intervenant est présent de 1h30 environ selon les analyses établies entre les interventions.
Dans mes ateliers d’intervention individuelle, l’intervention se fait dans le lieu de vie individuel et personnel qui reste portes ouvertes. L’objectif appuyé est que se dévoile le sens de la personne dans son environnement pour un élargissement des symboles dans l’ouverture et la diversité tel que : le corps dans la nature, les cycles de la vie, etc. Ce n’est pas parce qu’une personne n’est pas là (présence psychique) qu’il n’y a personne (présence physique).
Cet atelier peut s’inscrire dans l’accompagnement des personnes en fin de vie.

IV – Le programme 

Le conte n’est pas une recette pour soigner une pathologie. On ne construit pas le conte ni le programme en fonction des individus. Le travail se fait par la rencontre avec l’histoire, avec un motif, avec un symbole.

Basé sur l’échange et l’écoute, ce cycle de seize rendez-vous de contes pour adultes propose des histoires variées qui évoluent au fur et à mesure des rencontres. Portant sur des thèmes riches et propices à l’interaction, chacun de ces rendez-vous se déroulera en deux parties :

– Un répertoire issu du patrimoine immatériel transmis dans une improvisation narrative avec légendes et contes, durs ou pouvant être tendres, très souvent drôles, fabliaux crus ou coquins, contes de la « folie-sagesse », devinettes populaires.

– Autour d’un thé, le public entre dans un échange d’histoires et de lectures de textes d’auteurs.

 

Annexe 1

CONVENTION TYPE

Année

L’atelier de conte selon la méthode déposée (INP n° 09/46 Vol. I)

Conter en secteur protégé

Entre

Institut XXXX, représenté par YYYYYY, en qualité de directeur

Et l’association Parole à Part, représenté par Annie MICALLEF, en qualité de présidente

Article 1- Descriptif des activités

L’action artistique

Assurée par Wilfried DELAHAIE qui sera rémunéré par l’association, nombres d’interventions, dates, (avenant avec planning)

L’action santé

L’institution accepte :

  • De choisir les résidents sous la responsabilité de l’encadrant
  • Avoir l’accord des familles
  • Mettre du personnel soignant à disposition pendant les ateliers pour accompagner la séance. Une grille d’observation sera remplie en fin de chaque atelier par le soignant et l’artiste. Madame / Monsieur WWWWW est pressenti(e)
  • Organiser une réunion tous les deux mois avec l’équipe soignante pour un compte rendu sur les observations

Article 2 – Le prix

Article 3 – La durée

Un an renouvelable.

Dates et signatures

Annexe 2

L’art-thérapie ou l’art au service du soin

L’art-thérapie se définit comme l’exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et thérapeutique. Elle a une orientation originale et basée sur le pouvoir expressif, communicatif et relationnel de l’Art dans des projets sanitaires, sociaux et éducatifs.

L’art-thérapie est une méthode d’accompagnement pour les personnes en difficultés psychologique, physique, sociale ou existentielle par le biais de leur production artistique. L’art-thérapie ne forme pas des artistes, c’est une technique de soin qui va s’appuyer sur des outils artistique et par là même faisant appel à la création permettant à la personne d’exprimer ses émotions, ses sentiments, son ressenti du moment.

L’originalité de l’art-thérapie est qu’elle n’oblige pas la personne à s’exprimer oralement, la communication verbale n’est pas nécessaire.
Initialement, l’art-thérapie se pratiquait en psychiatrie et essentiellement auprès de patients psychopathes. Aujourd’hui, elle est de plus en plus présente en gérontologie et l’on comprend pourquoi : la démence altérant la sphère du langage, l’art-thérapie est une piste intéressante afin d’établir et de maintenir un échange.

En gérontologie, on ne pratique pas l’art-thérapie de la même façon qu’en psychiatrie ou en pédiatrie. L’art-thérapie est une proposition de prendre sa parole en main. Il n’est pas question en art-thérapie de faire un bel objet ou un objet utile. Il est question pour le résident de rencontrer la matière, de découvrir sa plasticité et en étant rassuré et accompagné par l’art-thérapeute, de voir comment il peut se saisir de cette matière pour s’exprimer.
Il est proposé au résident de passer du stade de la dépendance et de la passivité à celui de décideur, de l’actant.

L’art-thérapie apporte des intérêts auprès des résidents et il est souhaitable de le prescrire au plus tôt afin d’aider au mieux la personne d’une part en améliorant la qualité de vie mais aussi favoriser l’expression, qu’elle soit d’une souffrance ou de toute autre forme, de développer l’autonomie, de revaloriser l’estime de soi.

L’art-thérapie peut, de ce fait, aider les personnes âgées à :

  • découvrir leur nouveau lieu de vie de manière moins angoissante,
  • exprimer leurs sentiments et leurs émotions par le biais de techniques artistiques,
  • se sentir exister dans l’intimité d’un groupe restreint,
  • favoriser l’expression verbale et non verbale de son ressenti,
  • développer une relation gratifiante avec l’autre,
  • révéler ou mettre en œuvre des capacités méconnues ou oubliées,
  • manifester leur existence en laissant une trace.